Fabriquer et partager

Suite à des expériences successives (les spectacles : Le cauchemar d’Hector et Les Hommes Maintenant ! ), l’idée de pousser un peu plus loin le projet d’un ensemble de guitares préparées s’est précisée progressivement.

Une guitare préparée est une façon de détourner la pratique et donc le son d’origine de l’instrument. Il s’agit alors, à partir d’une approche ouverte et sans à priori, de trouver des gestes nouveaux souvent inspirés par des objets variés qui se sont ajoutés à divers endroits sur l’instrument lui-même. Pour citer quelques exemples des guitares ici concernées : il y a un miroir,
un morceau de velcro, une vis au bout du manche, des gobelets plastiques dans la caisse…

L’idée musicale est très ouverte. L’élaboration de ces guitares s’est faite avec la volonté qu’elles puissent être abordées de manière ludique et immédiate. Les gestes nécessaires à la production de sons se doivent d’être évidents et sommaires : gratter, frotter, secouer, appuyer…

Mais chacune des propositions sonores peut permettre à l’interprète de laisser aller son imagination. Ce que l’on frotte peut par la suite se tapoter…

C’est alors que, dans une logique orchestrale (c’est-à-dire jouer à plusieurs) apparaissent des matières sonores uniques. Avec une base de 22 guitares, l’effet de masse apporte une expérience musicale collective singulière.

À partir de propositions de principes de jeux, parfois succincts mais aussi parfois plus contraignants, s’invente un véritable orchestre, un ensemble musical aux timbres et sonorités riches et caractéristiques.

D’autre part, la ligne de chacune des guitares s’est redessinée du côté « pile ». La dimension visuelle et la mise en valeur de l’objet en tant que tel m’intéresse aussi et se trouvent à accompagner l’idée de raccorder les guitares ensemble. Les lignes ou les traits qui habitent chacune des guitares apportent une matière visuelle, parfois des effets d’optiques, dégageant une dimension supplémentaire où le geste, en plus d’ouvrir au sonore, laisse aussi apparaître des
formes et des matières visuelles. Les mouvements permettant également, tout en proposant des images, de spatialiser le son.

Ainsi « le fil », davantage une ligne à cet endroit, serait ce qui met en commun, ce qui uni malgré les différences et les oppositions et « le grain » ce qui relève de la matière sonore, terme souvent utilisé pour qualifier la texture du son.

Cet ensemble mobile se prête aussi bien à des expériences auprès de publics débutants et amateurs (adultes et enfants à partir de 9 ans) mais ambitionne aussi des projets avec des publics plus avertis : classe de conservatoire, groupe de musiciens amateurs et professionnels, comédiens, danseurs… toutes celles et ceux qui seraient prêts à tenter l’aventure sur le fil et cultiver le grain.

Il est nécessaire d’accueillir cet ensemble dans des espaces avec des acoustiques ,généreuses. Ce peut être dans des espaces très différents, voire même en extérieur, mais il s’agit à chaque fois de veiller aux qualités acoustiques, car les caractéristiques dynamiques de cet instrument nous obligent à prévoir les conditions pour une écoute adéquate.